La fête nationale du royaume de Belgique commémorée dignement à Luxembourg

 

Sous le signe du changement de règne

 

La grande réception de l'ambassadeur Luc Terlinck comme témoignage de l'amitié belgo-luxembourgeoise

PAR JOSEPH LORENT

Avec une avance de deux jours sur la date de référence historique, l'ambassadeur du royaume de Belgique, Luc Terlinck, et son épouse, Rita Hauchecorne, ont donné vendredi soir dans l'enceinte de leur résidence «Itzigerstée» une réception à l'occasion de la fête nationale de notre pays voisin. Le cadre général de celle-ci était très particulier à cause du changement de règne intervenu hier dimanche à Bruxelles.

 

Rappelons, en guise d'introduction, que la fête nationale du royaume de Belgique est commémorée en souvenir de l'arrivée triomphale du premier roi des Belges, Léopold Ier, à Bruxelles, mais avant tout de sa prestation de serment. Au cours des deux millénaires de notre ère, le territoire de l'actuelle Belgique a connu d'importants bouleversements démographiques, politiques et culturels. La révolution belge de 1830 conduisait le 4 octobre à l'indépendance et à l'établissement d'un Etat neutre sous l'autorité d'un gouvernement provisoire et d'un congrès national. Celui-ci élabora une constitution, promulgée le 11 février 1831, et offra la couronne du nouveau royaume au duc de Nemours, fils de Louis-Philippe, roi des Français. Quand le souverain français, redoutant l'hostilité de l'Angleterre, n'osa pas l'accepter pour son fils, elle fut alors proposée au prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, qui devint Lépold Ier. Comme roi des Belges il prêta serment à la Constitution le 21 juillet 1831, mais ce n'est qu'en 1839 que le roi des Pays-Bas a reconnu l'indépendance belge. Toutefois, comme jour de la fête nationale deBelgique, le 21 juillet revête un caractère officiel seulement depuis 1890.

«La royauté se porte bien en Belgique»

Parmi l'assistance nombreuse réunie sur le parvis et la pelouse de la résidence, nous avons remarqué e. a. le président de la Chambre des députés, Laurent Mosar, le Premier ministre Jean-Claude Juncker (salué comme «homme politique exceptionnel» par l'ambassadeur dans son discours officiel), le ministre d'Etat honoraire, Jacques Santer, le président du Conseil d'Etat, Victor Gillen, et plusieurs députés et représentants du corps diplomatique. Après l'hissage officiel du drapeau belge par un militaire, l'ambassadeur Luc Terlinck, qui quittera son poste à Luxembourg le 15 novembre prochain pour prendre sa retraite après une carrière diplomatique de presque 40 ans , a évoqué bien-entendu en premier lieu l'abdiction du roi Albert II et l'avènement au trône du prince Philippe. L'orateur a qualifié le roi partant d'homme exceptionnel qui a réussi brillamment à remplir sa fonction de chef d'Etat. Ainsi, il serait parvenu à réunir les Belges et à maintenir les liens entre les communautés. Vu le succès populaire rencontré par le roi et la reine lors des différents visites à travers le pays, l'ambassadeur constata que la royauté se porte bien en Belgique et que les adhérents d'une république ne forment finalement qu'un groupuscule. Quant au nouveau roi, qualifié d'homme plus réservé et bien formé, M. Terlinck a cité le ministre d'Etat Herman De Croo, ancien président de la Chambre, selon lequel c'est la fonction qui crée l'homme. La partie officielle de la réception a pris fin par l'interprétation de la «Brabançonne» et de la «Hémecht » et par un toast porté à l'amitié belgo-luxembourgeoise.

Une décoration et une citation de reconnaissance

Au cours de la réception, l'ambassadeur Luc Terlinck a évoqué le terrible accidentd'un bus belge intervenu dans la nuit du 12 au 13 mars 2012 dans un tunnel en Suisse ayant fait 28 morts, dont 22 enfants, pour mentionner ensuite l'offre d'assistance faite spontanément dans ces bien tristes circonstances par le directeur de la «Luxembourg Air Rescue (LAR)». En effet, René Closter avait fait savoir aux autorités belges sa disponibilité de rapatrier les enfants blessés et autres avec les avions de son organisation humanitaire et de secours. Comme la Suisse s'est montrée très serviable dans le même sens, la Belgique n'a pas dû recourir à l'offre luxembourgeoise. Néanmoins, le geste de la LAR a été très apprécié par la Belgique. Ainsi et avant de lui remettre l'insigne y afférent, l'ambassadeur a annoncé que le Roi Albert II vient d'élever René Closter au grade d'officier dans l'Ordre de la Couronne de Belgique. De même, l'ambassadeur Terlinck a saisi l'occasion pour évoquer devant toute l'assemblée la présence de Jean Konsbruck, aujourd'hui âgé de 84 ans, souligner les mérites de celui-ci acquis pendant plusieurs décennies auprès de l'ambassade et le remercier très chaleureusement pour les services rendus. Cet homme aussi discret que serviable ? «un pilier de l'ambassade » ? a, en effet, depuis 1955 et somme toute sous 15 ambassadeurs successifs fait fonction de majordome lors des événements organisés par l'ambassade.

Forte présence luxembourgeoise à Bruxelles

Lors de la réception au «Itzigerstée », nous avons également appris que le Grand-Duché de Luxembourg serait fortement représenté hier dimanche lors du traditionnel défilé militaire pour la fête nationale à Bruxelles. Cette année le défilé s'inscrivait autour de trois thèmes: le 60e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée (participation de volontaires belges dans une brigade dans laquelle étaient également intégrés les volontaires luxembourgeois), les coopérations internationales de l'armée belge et le 20e anniversaire de l'Eurocorps. Un contingent luxembourgeois fort de 96 participants a défilé devant la tribune officielle placée exceptionnellement en face du Palais royal, tandis que le général Mario Daubenfeld, chef d'Etat-major, assista en tant qu'invité à la cérémonie. La délégation comprenait notamment un détachement à pied commandé par le sergentchef Daniel Balthasar, dans le cadre du Corps européen un groupe drapeau avec à sa tête le lieutenant Romain Simon, un détachement motorisé composé de deux véhicules Dingo et d'un truck MLST conduit par le sergent-chef Josy Rinnen et surtout la Musique militaire grand-ducale sous la direction du lieutenant Jean-Claude Braun.